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Demain, je monte !
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9 novembre 2017

Ma vie de propriétaire

Ça fait quelques temps que j'avais envie de vous écrire sur ma vie de cavalière propriétaire de cheval...
J'ai déjà entendu pas mal de fois "Ouais mais toi, tu montes quand tu veux, t'as tes chevaux". Et c'est là que j'ai envie de rire !

Je n'ai pas toujours été propriétaire. J'ai été "cavalière du samedi", puis "cavalière du mercredi - samedi - dimanche"  puis demi-pensionnaire et puis j'ai acheté Mylo. Je dois dire que lorsque je n'avais pas mon propre cheval, je montais bien plus souvent. C'est marrant avec le recul. Tout futur propriétaire d'équidé se dit toujours "Je vais acheter mon propre cheval, je pourrai le monter autant et comme je veux"... Pour le "Autant", on repassera.

Lorsque j'ai franchi le cap de l'achat de mon premier cheval, je l'ai mis en écurie. Il était alors poulain donc je ne le montais pas. Logique.
Mais il aurait été adulte, je n'aurai quand même pas su le monter autant que je le souhaitais. J'étais dans une écurie de propriétaire où les gens devaient, à mon avis, tous ne pas avoir de job ou pas d'école. Il y avait un bon nombre de gamines de tous âges qui venaient monter leur cheval dans une des deux pistes mises à disposition. J'en ai même déjà vu dans le rond de longe.
Le pire fut lorsque le propriétaire des lieux a décidé que le lundi serait jour de fermeture et que les horaires seraient de 8h à 20 h. Nous avons déménagé en partie à cause de ça.

Une autre écurie, pas de jour de fermeture, pas d'heures d'ouverture mais des leçons le samedi et dimanche ainsi que des stages lors des vacances scolaires... Et j'ai réalisé à ce moment-là à quel point, quand on était gosse, on était pratiquement toujours en congés... Du coup, l'énorme piste et le rond de longe étaient pris. Nous sommes partis parce que s'est offert à moi l'occasion de pouvoir placer Mylo en prairie H24. Le rêve... Vite devenu cauchemars malheureusement, puisque c'est là-bas qu'il a eu un accident.

La troisième écurie, il n'y avait jamais personne. J'aimais beaucoup ce fait ainsi que la piste qu'il y avait, mais le propriétaire des lieux était toujours là à regarder mes moindres faits et gestes. C'en devenait stressant au quotidien et ce même si je n'avais rien à me reprocher. Le problème était aussi que lorsque quelqu'un venait monter, j'étais mise au courant à grands coups de critiques. J'en arrivais à me demander ce qu'il devait se dire sur mon dos. De quoi devenir paranoïaque.
J'aurai pu rester quand même dans cette écurie mais c'est ce propriétaire qui a "tué" ma jument. Je ne pouvais plus rester là sans sentir monter une rage en moi.

Dans ces trois écuries, je n'avais rien à faire. Mon cheval était nourrit et abreuvé et dans les deux premières écuries, le box était fait par le propriétaire des lieux. Dans la troisième, c'était prairie H24.

J'ai aussi goûté à la joie d'avoir "ma prairie"... Je le mets entre guillemets parce que je sous-louais les lieux. Mais je suis tombée sur une mauvaise personne et celle-ci n'a jamais tenu parole, pour rien... Alors je n'ai jamais vu les fils barbelés de la prairie être remplacés par des fils électriques, je n'ai jamais vu l'abri être réparé, je n'ai jamais vu apparaître une pompe pour puiser l'eau du ruisseau deux mètres plus bas. A force de glisser dans le ruisseau avec mes cubis et ne plus savoir remonter, j'ai fini par acheter la pompe. J'ai également fait quelques réparations dans l'abri afin de rendre celui-ci plus pratique, aussi bien pour mes chevaux que pour moi. Mais au mois de mars, alors que je m'apprêtais à commander des bobines de fil pour changer les clôtures, j'ai reçu un message de cette femme pour m'annoncer qu'elle ne louerait plus les lieux au fermier et donc soit je payais l'entièreté de la prairie pour un an, soit je devais partir dans 15 jours. Ce fut la panique parce que je n'avais pas autant d'argent sur moi, j'étais en pleins préparatifs mariage... C'est comme ça que nous avons débarqué à trois dans la troisième écurie... Pour ne finir qu'à deux.

Lorsque mes chevaux étaient poulains, je ne les montais bien sûr pas, mais je ne montais pas d'autres chevaux à côté. Je travaillais énormément à pieds, cherchant à créer un contact agréable et respectueux pour les deux côtés.
Je pense que je les aurai eus adultes, j'aurai un peu plus monté.
A présent, je suis dans une petite écurie de propriétaires. Nous ne sommes pas nombreuses et, véritablement, c'est à la propriétaire des lieux à tout faire mais elle travaille comme moi et par conséquent, elle n'a pas toujours le temps de faire tout ce qu'elle souhaiterait. Par conséquent, Mow et moi l'aidons un maximum. Nous avons déjà fait quelques fois les boxes des chevaux qui y sont en hiver, nous mettons de l'eau aux chevaux été comme hiver, nous nourrissons et nous avons déjà refait quelques fois les clôtures, ma grande passion.

Propriétaire de cheval, il y a deux genres : Ceux qui ont placé leur cheval dans une écurie qui fait tout pour eux. Ils arrivent et retrouvent Charmeur tout propre dans son box. Un petit coup de brosse et c'est parti, en selle !
Puis il y a ceux qui ont leur cheval dans une prairie. Ceux-là montent quand ils ont le temps, quand ils se sont assurés que tout le monde avait de l'eau et pas de bobo de prairie... Et quand Bourriquet n'est pas trempé par la pluie et/ou couvert de cinquante centimètres de boue. Autant dire que les muscles des bras sont sollicités.
Je fais partie de cette deuxième catégorie et, même si parfois je râle de ne pas monter un jour de plus, je ne regrette pas la vie que je leur offre.

Je ne suis pas pro-prairies ou anti-box. J'adorais le fait de retrouver mon cheval tout propre, j'adorais faire son box aussi d'ailleurs, j'adorais venir me réchauffer en hiver dans la paille, lire un bon bouquin avec Mylo qui dormait juste à côté de moi. Mais j'aime encore plus le savoir heureux avec ses congénères, libre de ses mouvements. J'adore le voir venir à ma rencontre, oreilles bien droites, presque un "Hé copine, comment va ?".
Alors c'est vrai que je ne monte que trop rarement, mais leur bien-être prime sur mon confort.

Ce n'est pas une sorte de culpabilisation masquée du fait de monter, comme j'ai déjà pu entendre/lire.
Je n'aime pas sauter parce que je n'ai aucune technique, et mon cheval non plus. J'ai étudié la biomécanique équine lorsque Mylo a eu son accident en  2012, je sais donc ce que chaque onde de choc provoque dans le corps. Mais sauter une fois de temps en temps n'est pas néfaste à mes yeux. C'est toujours l'abus qui est destructeur.
J'aime beaucoup voir les figures de dressage, à condition que le cheval ne s'encapuchonne pas, qu'on ait pas des mains collées à la bouche et des éperons douloureux qui titillent inlassablement les flancs de la monture. J'aime voir un beau dressage et parfois je suis envieuse. J'aimerais pouvoir faire pareil.
Je ne lis pas les études de gens comme Nevzorov qui parlent de douleur pour le cheval lorsqu'il est monté.
Je ne culpabilise pas de monter, seulement j'aimerais avoir tellement plus de temps...

Lorsqu'on achète un cheval, je ne pense pas qu'on réalise tout ce qui nous attend mais quel bonheur c'est.
Mes chevaux m'ont toujours été d'une grande aide au quotidien. Ils sont une sorte de grande école de la vie.
J'ai appris à communiquer, à respecter la bulle des gens (et j'ai découvert aussi que les autres avaient du mal à respecter la mienne), j'ai appris à être heureuse de peu, apprécier le moment présent et bien d'autres choses encore.

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